Covid Diaries : visions d’un Paris confiné

Lundi 16 mars, un lointain virus venant d’Asie prend d’un coup une autre réalité. Les écoles ont fermé il y a quelques jours à peine, les rues se vident alors que l’annonce du confinement approche.

Depuis que j’ai choisi de devenir photographe, tout mon travail est tourné vers la ville. Naturellement, instinctivement, je décide de poser mon regard sur ce qui sera bientôt inaccessible à la majorité : notre cité désertée mais toujours habitée.

J’aime photographier le vide. Pourtant, alors que je me promène dans des avenues désertes, ce n’est pas ce que je recherche. Je veux montrer l’absence. La ville muée en un décor incongru, privé de toute activité humaine. Ou presque, car des silhouettes se détachent d’autant plus dans ce paysage silencieux.

Ceux que je croise le plus ne sont pas les joggeurs ou les confinés s’offrant une sortie pour remplir le garde-manger ou juste … aller dehors. Ce sont les travailleurs qui poursuivent leur effort permanent pour assurer notre survie. Ce sont les invisibles, sans papiers, SDF, et tous les laissés pour compte qui se retrouvent perdus dans ce grand désert.

Les premiers jours les contrôles sont nombreux. Peu à peu, une routine se met en place et chacun trouve son rôle. Le silence est parfois troublé par une sirène d’ambulance, la plupart du temps on entend les oiseaux. A proximité des commerces vitaux, des files s’étirent et s’allongent, un client patient posté deux pas derrière un autre.

Une ambiance étrange flotte, joie de vivre et petits instants volés, rares échanges entre voisins ou amis du même quartier, et une crainte diffuse, omniprésente.

J’aime photographier le vide et pourtant j’ai hâte de vous retrouver. Hâte de sentir de nouveau vibrer la ville autour de nous. J’espère que ce témoignage vous offrira un dépaysement salutaire : un regard à l’extérieur, au-delà des murs qui renferment des quotidiens compliqués. Prenez soin de vous.

Alexis PAOLI, le 14 avril 2020, texte publié sur le site Chroniques d’Architecture

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